D'une part, la motivation constitue l'un des facteurs proximaux de la persévérance scolaire. À ce propos, la théorie de l'autodétermination (TAD) permet de distinguer trois catégories de motivation, la motivation autonome (c.à.d., aller à l'école pour le plaisir d'apprendre et se développer), la motivation contrôlée (c.à,d., aller à l'école pour réduire les pressions internes ou externes, recevoir une récompense ou éviter une punition) et l'amotivation (c.à.d., aller à l'école sans véritable raison). Ces trois catégories de motivation ont été trouvées à déterminer plusieurs processus vocationnels chez les élèves à l'instar de l'indécision vocationnelle.
D'autre part, deux principales approches analytiques peuvent être utilisées en psychologie de l'éducation. L'approche orientée vers la variable (AOV) met l'accent sur les liens entre plusieurs variables en fonction de leurs direction, sens et force. De plus, les questions ou les objectifs de recherche et les résultats y sont formulés sous forme de relations entre les variables. L'approche orientée sur la personne (AOP) permet d'identifier des sous-populations qui diffèrent qualitativement et quantitativement les unes des autres relativement à la configuration d'un ensemble de variables observées. Elle consiste donc à étudier la personne dans sa globalité en prenant en compte un ensemble de variables regroupées en un système, plutôt que la considérer de manière morcelée.
Dans le cadre de cette recherche, deux études ont été réalisées grâce à des données issues d'une étude longitudinale panquébécoise conduite sur six années, portant sur la transition, l'adaptation et la persévérance à l'école. Dans la première étude, l'AOV a été mobilisée pour estimer les liens bidirectionnels et longitudinaux entre chacune des catégories de motivation et l'indécision vocationnelle, du secondaire 2 à 5. Il y était précisément question de déterminer si la motivation scolaire est un déterminant ou une conséquence de l'indécision vocationnelle, afin de déterminer les actions préventives pouvant être menées pour soutenir la réussite éducative des élèves au fur et à mesure qu'ils progressent au secondaire. Dans la deuxième étude, l'AOP a été mobilisée pour estimer les groupes de trajectoires d'indécision vocationnelle du secondaire 2 à 5 et les profils motivationnels incluant les trois catégories de motivation, présents chez les élèves lorsqu'ils étaient au secondaire 2. Cette étude a permis de prédire l'appartenance à chacune des trajectoires d'indécision au moyen des profils motivationnels, donc d'identifier si le fait qu'un élève présente un profil motivationnel précis augmente ou diminue son risque de suivre une trajectoire d'indécision problématique (c. à d., une trajectoire chronique).
En nous servant des résultats de chacune de ces deux études, une lecture simultanée selon une AOV et une AOP a été menée pour déterminer les liens entre l'indécision vocationnelle et les trois catégories de motivation scolaire. Il semblerait donc que cette lecture simultanée précise mieux d'une part, la façon dont se développe l'indécision vocationnelle au secondaire, et d'autre part, comment le fonctionnement motivationnel des élèves contribue à ce développement. Des implications sont proposées pour les intervenants en milieu scolaire tels que le personnel enseignant, les personnes conseillères d'orientation et psychoéducatrices.