Coordination émotionnelle entre les élèves en classe « difficile » en EPS : Une approche mixte de recherche
Samantha Costa  1@  , Oriane Petiot  2, *@  , Olivier Vors  1, *@  
1 : ISM
INSPE Aix-Marseille
2 : 3A2P
Université de Bretagne Occidentale [UBO]
* : Auteur correspondant

Les émotions sont présentées comme un « pilier de l'apprentissage » par l'OCDE (2010). Les recherches mettent en lumière la classe comme le lieu privilégié de survenue des émotions (Cuisinier, Tornare & Pons, 2015). Véritables facilitateurs de l'apprentissage (Pham Quang, 2017), ces dernières possèderaient une forte influence sur les relations interpersonnelles (Cuisinier & Pons, 2011). En EPS, à l'échelle de la classe, les recherches qui s'intéressent à l'analyse de l'expérience émotionnelle des acteurs portent principalement sur les enseignants : débutants (e.g., Ria & Durand, 2001), ou experts (e.g., Visioli & Petiot, 2017). Les études portant sur l'analyse de l'expérience émotionnelle des élèves en classe sont plus rares (Dieu et al., 2020 ; Terré et al., 2016), encore moins sur la dynamique émotionnelle collectives des élèves.
Dans cette même lignée, notre recherche s'intéresse aux processus de coordination émotionnelle entre les élèves, au sein du cours d'EPS avec des classes jugées comme « difficiles ». Plus précisément, il s'agit d'analyser les émotions montrées et perçues par chacun et leurs impacts sur l'engagement des élèves en classe. Dans ce contexte collectif particulier, des classes « difficiles » en EPS (Vors, 2018), la tonalité émotionnelle est très forte et les élèves agissent aux yeux de tous. S'il est souvent difficile de montrer, d'expliquer et de construire à partir de ce que l'on ressent, il est d'autant plus complexe d'identifier les émotions d'autrui, à partir de ce qu'il nous montre et donc de comprendre ce que ressentent les autres (Paintendre et al., 2023).
Le programme de recherche retenu est celui du « cours d'action » (Theureau, 2015), car il permet d'accéder à l'expérience intime de l'élève par son ancrage phénoménologique. Le contexte d'étude correspond quatre classes « difficiles » de 6ème REP+ en cours d'EPS. Le recueil de données s'est fait à partir de 176 récits d'expériences (méthode des incidents critiques IC de Flanagan, 1954 ; adaptée à l'EPS par Petiot et al., 2014), d'enregistrements audio-visuels de quatre leçons, de quatre entretiens d'autoconfrontation (Theureau, 2015), à l'aide de l'échelle d'estimation des états affectifs (EEA, Ria et al., 2003). Le traitement des données se fera quantitativement pour les IC (Petiot et al., 2014) croisé qualitativement par une analyse des entretiens en neuf étapes (Vors et al., 2019). L'étude étant en cours, toutes les données n'ont pas été traitées. Eu égard de la littérature, des décalages entre les émotions initialement ressenties et souhaitées montrées par un élève et celles réellement éprouvées par un autre élève mettent en lumière des tensions entre ces derniers et donc des possibles freins aux apprentissages. Pouvoir mieux comprendre ces processus pourrait alors permettre aux élèves de mieux reconnaitre leurs émotions, de mieux communiquer avec les autres, de mieux comprendre l'impact de leurs émotions sur leurs camarades pour tendre à plus long terme, vers un véritable apprentissage à l'empathie (Zanna & Jarry, 2018). 


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