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Quels sens donner aux apprentissages ? Apprendre à apprendre en situations réelles de classe
Isabelle Lemaitre  1@  
1 : Education nationale
Ministère de l'Education Nationale

Professeure des écoles, je constate que les pratiques d'enseignement actuelles diffèrent encore peu de celles des années 70 - enseignement frontal, tables alignées, enseignant détenteur des savoirs, erreur assimilée à une faute... Les résultats aux évaluations internationales et un certain mal-être, enseignants/élèves interrogent les pratiques de classe : En quoi certaines pratiques fonctionnent-elles et d'autres moins ? quels invariants envisageables pour une amélioration des résultats et du bien-être en classe ? Depuis 2007, j'ai enseigné à tous les niveaux de classe, en élémentaire. Intéressée par les pédagogies nouvelles couplées aux recherches sur le cerveau, j'interroge mes pratiques de classe, en me souciant du processus d'enseignement-apprentissage, et cela quel que soit le public auquel je m'adresse. Professeur des Ecoles Maitre Formateur depuis 2015, j'accompagne les stagiaires sur le terrain ; depuis 2019, je forme des étudiants M1 sur des modules de culture générale à l'INSPE de Digne les Bains. Cette année, je leur enseigne également les mathématiques. Que perçoivent les apprenants de la manière dont j'enseigne, qu'apprennent-ils ?

En tant que professeure des écoles, j'intègre donc une démarche neuro constructiviste : une situation problème ouvre le cours, elle engage l'apprenant dans une démarche réflexive, qui le déstabilise. Il se doit d'inhiber un automatisme cognitif (heuristique) pour construire un nouveau savoir. Certains élèves comprennent qu'il y a un véritable enjeu. L'introduction en début d'année d'un cours sur le fonctionnement du cerveau permet aux apprenants (élèves/étudiants) de comprendre ce qui se joue dans leur encéphale lorsqu'ils ont des émotions, lorsqu'ils apprennent. Pour cela, un seul cours n'est pas suffisant : je m'appuie donc sur ce qui se passe en classe (élève en colère ou en détresse implique une mémorisation déficiente, fatigue physique implique une attention inégale). Je constate l'intérêt des apprenants pour ces connaissances : approcher le rôle du cerveau dans les apprentissages est source de curiosité, de questionnement. Quand une situation problème est proposée, elle implique des interactions entre élèves car la stimulation émane aussi du collectif : c'est l'atmosphère de classe qui est interrogée. La confiance au sein du groupe se construit par :

- la mise en place des ateliers pour faciliter les différentes interactions (métacognition, proximité élève/enseignant).

- le recours aux conseils des élèves, aux messaes clairs pour favoriser l'acquisition de compétences socio-émotionnelles.

- le projet interdisciplinaire incluant les arts plastiques qui contribuent à procurer du bien-être (sécrétion de dopamine) si l'élève dispose d'une liberté de création propre à sa sensibilité.

Les pratiques pédagogiques à l'INSPE et celles de mes classes sont isomorphes : j'installe donc un même type de processus d'enseignement-apprentissage où les apprenants expriment leurs questions, construisent leurs réponses pour mieux apprendre ; suite à l'analyse critique d'une vidéo, les étudiants M1 ont émis le souhait de constituer, au sein de leur propre groupe, un conseil semblable à celui filmé dans ma classe.

L'enseignante que je suis s'inscrit dans la remise en question des pratiques pédagogiques ; je prends en compte le champ de recherche interdisciplinaire qu'est la neuroéducation pour m'efforcer d'améliorer l'efficacité des apprentissages.


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