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Les dispositifs éducatifs dans les collèges : quels impacts sur les apprentissages fondamentaux des élèves ?
Mounayad Abdou  1@  
1 : Laboratoire d'Economie et de Sociologie du Travail
Aix Marseille Université, Centre National de la Recherche Scientifique

Depuis le lancement des zones d'éducation prioritaire (ZEP) en 1981 et la création des établissements publics locaux d'enseignements en 1989 (EPLE), les relations entre éducation et territoires se sont renforcées (Bouveau, Rochex, 1997. Ce « nouvel ordre éducatif local » (Ben Ayed, 2009) mise sur un changement impulsé par le bas (Dutercq, 2005), et compte plus sur l'engagement collectif des acteurs sur le terrain et les innovations locales que sur des réformes structurelles (Kherroubi, Rochex, 2004). L'action éducative dans les établissements n'est donc plus seulement assurée par l'équipe pédagogique, c'est-à-dire les personnels de l'éducation nationale affectés dans l'établissement, mais par une pluralité d'acteurs que les textes officiels unissent souvent sous le terme de « communauté éducative » (Kherroubi, Lebon, 2017). De nouvelles fonctions se sont développées (Coordinateur REP, coordinateur pédagogique, tuteurs, etc.), acteurs éducatifs extérieurs et membres de l'éducation nationale enseignants collaborent le plus souvent à travers des dispositifs (Barrère, 2013). Dans ce travail il s'agit d'une analyse comparée et longitudinale de la mosaïque d'actions et d'acteurs complémentaires mobilisés par les collèges pour améliorer l'apprentissage scolaire des élèves sur les savoirs fondamentaux (lire, écrire compter et respecter autrui..). Cette analyse est basée sur des campagnes d'entretiens et observations pour rendre compte des perceptions des acteurs engagés et de la forme de la collaboration sur divers contextes. Enfin, une cohorte d'élèves, sur deux années complètes de la 6e à la 5e, est suivie et questionnée dans chaque collège pour constater d'une part l'évolution de leurs performances scolaires sur le socle des savoirs fondamentaux et d'autre part, l'évolution de leur rapport à l'école aux vues du bouquet d'actions et des communautés éducatives qui leur seront proposées.

Ce travail compare donc 3 bassins scolaires de l'académie d'Aix Marseille qui réunissent plusieurs collèges à proximité dans lesquels il existe une multitude de collaborations, de dispositifs et d'acteurs internes et externes. Au lieu de nous pencher sur tous les dispositifs en eux-mêmes nous nous sommes intéressés au « bouquet » (Berthet, Brizio, Simon, 2018) adressé à une cohorte d'élèves sur deux années scolaires à partir de l'entrée en 6e. Nous verrons alors qu'en fonction des établissements, même à proximité les acteurs extérieurs mobilisés ne dépendent pas seulement des ressources locales, mais aussi des logiques de gouvernances des communautés éducatives. La construction locale des collèges est donc liée à ce que les acteurs éducatifs rapprochent ou ce qu'ils souhaitent éloigner des élèves dans le cadre de la réussite éducative. La pédagogie du « détour » qui consiste à« tout faire sauf du disciplinaire ou du descendant » de manière ludique ou en rendant l'élève « acteur » devient la pédagogie dominante pour améliorer l'apprentissage scolaire dans les dispositifs. D'un autre côté, nous allons voir que dans la majorité des dispositifs proposés aux élèves, le « détour » devient l'objectif pour les élèves dans des formes de « malentendus ». Nous verrons comment des décalages se créent entre les objectifs de départ des acteurs éducatifs et ce que les élèves finissent par retenir ou intérioriser dans divers dispositifs culturels, sociaux ou disciplinaires.


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